Après la guerre

Publié le par Julia Angellier Vernet

Après la guerre

Rodolphe est rentré seul.


Au cours d'une bataille où il a été blessé, Ernest l'a mis à l'abri. Rodolphe a entendu les bruits du combat, puis plus rien. Il a appelé sans obtenir de réponses et a perdu connaissance. Ce sont des gens du pays qui l'ont recueilli et soigné. Le voilà de retour, amaigri, fatigué. Ernest, lui, ne rentrera plus.

Commence alors une période de convalescence. Rodolphe a perdu l'appétit, son caractère empire, il supporte peu d'être confiné à l'intérieur. Et il rabroue Julia.
Les aînés sont rentrés de pension.


Amélia, à force de cajoleries arrive à faire manger son père, mais dès qu'elle repart pour le couvent, Rodolphe rechigne à se nourrir.

Et puis, au bout de six longs mois, Rodolphe reprend meilleure mine, il retrouve son entrain et s'occupe du domaine comme auparavant. Et Julia attend un enfant.

Victor Allard entre au service de Mogador pour remplacer Ernest, en même temps Berthe est engagée comme fille de cuisine.

La vie reprend son cours, Julia, sur qui repose toute l'intendance du domaine est très fatiguée par cette grossessse.

En Octobre, un nouveau petit Vernet est né, il s'appelle Hubert.

En février 1872, c'est le mariage de Victor et de Berthe, Rodolphe a orchestré une magnifique fête, ouvrant le bal avec la jeune mariée.

Mais au mois d'avril, alors que le temps est humide, Rodolphe retrouve ses insomnies. A Julia, inquiète, le docteur Lapierre recommande le repos pour Rodolphe, mais aussi pour elle.

L'été n'apporte pas d'amélioration. Le docteur demande à Rodolphe de passer le voir à son cabinet, Rodolphe renâcle mais accepte d'y aller.

A son retour, il est tout souriant en apprenant à Julia que le docteur n'a rien trouvé, sinon les nerfs, le choc de la guerre, à part cela, il est solide comme le pont neuf. Il accepte même de prendre ses médicaments, puisqu'il a été reconnu en bonne santé !!!!
Et c'est un fait qu'à l'automne, Rodolphe se sent mieux. Julia en profite pour faire avec lui de longues randonnées à cheval.
Une petite Caroline est née à Tourvieille, chez Antoine et Lucie.

En décembre, Rodolphe a pris froid, le docteur diagnostique un coup de froid et ordonne une potion. Mais Julia n'est plus dupe.

Elle se rend le lendemain chez le docteur, il lui apprend que Rodolphe est gravement malade, le coup de baïonnette reçu pendant la guerre a touché le poumon, un abcès s'est formé, ce n'est pas guérissable.

Julia décide de taire la vérité à son mari.

Cependant, contre toute attente, Rodolphe reprend du poil de la bête, tandis que Julia, éprouvée par son lourd secret, s'étiole.
L'anné 1873 s'achève entre rechutes et rémissions.

L'année 1874, commence tristement, Rodolphe n'éprouve plus que de l'indifférence pour tout ce qui avait pu le passionner avant. Taciturne, il passe le plus clair de son temps dans son bureau. Ceux de Tourvieille qui sont venu passer les fêtes du bout de l'an à Mogador, ont accepté de prolonger le séjour à la demande de Julia. Celle-ci a décidé d'informer sa belle-mère et Antoine du diagnostic du docteur.
Pour la première fois depuis qu'elles se connaissent, Elodie et Julia, réunies dans cette même souffrance arrivent à échanger de l'affection.

Au printemps cependant, une amélioration se produit. Une effroyable crise de vomissements pendant laquelle Julia a cru perdre son mari, a eu effet de le soulager. L'été le voit à la moisson, la chaleur ne semble pas l'incommoder. Pourtant alors que Julia lui dit qu'il est sorti d'affaires, il lui répond "Je suis foutu, je le sais depuis belle lurette"
Encore un hiver, de fièvres, de crises et pourtant Rodolphe résiste.
Et finalement en ce début de 1875, la mort tombe ailleurs, c'est Dorothée, morte en couches que l'on mène en terre.. La petite Blanche ne connaîtra jamais sa mère. Et Constant effondré s'accuse d'avoir imposé cette grossesse à sa femme qui n'en voulait pas, tous, et Rodolphe en tête le consolent.

Amélia confie à sa mère qu'elle est amoureuse et souhaite se marier, l'heureux élu s'appele Pascal Ladevèze et cette nouvelle ne réjouit pas particulièrement son père.
Mais tous ses a-priori tombent quand il fait la connaissance de la famille.
Au cours des fiançailles dans l'intimité, c'est un Rodolphe tout ragaillardi qui préside aux réjouissances. Le mariage est fixé à l'automne.

Mais ayant traîné tout le mois de juin avec une forte fièvre, Rodolphe épuisé s'éteint dans les bras de Julia.

Le chagrin de Julia est intense. La visite de l'abbé Tassin lui apporte un peu de sérénité.
"Je l'ai attendu longtemps, mon père, et voilà que je vais recommencer".


Peu de temps après les vendanges, un message de Tourvieille arrive à Mogador, annonçant la venue d'Elodie.

De manière très maladroite, Elodie demande des comptes à Julia. Julia refuse de se soumettre à cette demande. La discussion entre les deux femmes tourne à l'affrontement. Elodie, très vexée, retourne à Tourvieille.
Antoine qui affectionne beaucoup Julia, vient le lendemain, afin de savoir ce qui s'est passé entre les deux femmes. Géné par la démarche de sa mère, il avoue qu'effectivement, il a été quetion d'apporter de l'aide à Julia le cas échéant, mais jamais de lui demander des comptes sur la gestion du domaine.

L'année 1876 est , en grande partie, consacrée au mariage d'Amélia, que le deuil de Rodolphe a retardé au mois d'août.

Il est même question que Philo, pourtant si attachée à sa maîtresse et à Mogador, suive la jeune femme dans sa nouvelle maison.
Au cours d'un essayage de la robe de mariée, Julia aperçoit une robe de deuil et interroge la couturière. Celle-ci lui apprend que la robe est pour Madame Peyrissac qui a eu le malheur de perdre, dans un accident de chemin de fer, son fils, sa belle-fille et son petit-fils, ne lui reste plus qu'une petite-fille, Ludivine, qu'elle va élever.

Alors qu'elle s'apprête à aller chez les Jonquéras en Arles, Amélia reçoit une lettre de Pascal qui lui annonce que sa mère a attrapé une insolation. La jeune femme décide de lui rendre visite.

Au bout de trois jours, de retour à Mogador, sa belle-mère ne va pas mieux. Un courrier de Pascal lui apprend que sa mère a la variole et qu'il ne peut venir à Mogador, de peur d'apporter la contagion.

Alors que Madame Ladevèze se rétablit, c'est au tour d'Amélia de s'aliter. Et bientôt apparaissent sur le beau visage et le corps d'Amélia, les signes de la maladie.

Malgré les soins, les veilles, Amélia meurt, défigurée.

On enterre la jeune femme dans sa robe de mariée arrivée le jour même de sa mort.

*******

Sept années ont passé, Henri a pris les rênes du domaine

Frédéric est revenu du lycée, bachelier

Il va bientôt partir au régiment

Adrienne a 17 ans

C'est une jeune fille d'humeur toujours égale, attentionnée et douce, calme et tranquille. Toutes qualités qui ont le don d'exaspérer sa mère.

Hubert, le petit dernier est pensionnaire au collège.

1885, c'est le mariage de Raoul, l'aîné d'Antoine et de Lucie,

avec Laure Cabanis, une belle Arlésienne rousse aux yeux verts.

C'est aussi les confidences d'Henri,

amoureux d'Estelle Jonquéras

Henri demande à sa mère de donner une soirée à Mogador dans laquelle il compte connaître les sentiments d'Estelle

Mais au cours de la soirée, Estelle avoue à Henri qu'elle ne l'aime que fraternellement.

Peu de temps après, Estelle se fiance avec un lointain cousin promis à un brillant avenir. Malgré ses regrets, Henri assistera aux fiançailles ainsi qu'au mariage.


Frédéric, maintenant libéré du service, épaule son frère, Julia les voit prendre, de jour
en jour, plus d'ascendance sur le domaine.

En 1887, Henri a devancé son frère pour une partie de chasse, Frédéric s'apprête à le rejoindre quand il voit arriver Victor, le visage décomposé. Henri a eu un accident, on le ramène.
Au bout de quatre jours de délire, où Julia n'a pas quitté son chevet, la famille réunie au complet dans l'attente voit descendre Frédéric transfiguré. Son frère lui a parlé un long moment. C'est le défilé chez Henri, qui semble tiré d'affaires.

Mais le lendemain, à l'aube, il s'éteint, la joue contre la main de s
a mère.



"Continuer, mon Dieu..... Comment? Pourquoi? Je n'en puis plus. Ne voyez-vous pas que je suis à bout?" On le croit, mais on continue.
"Non! Ce n'est pas cela qu'il faut se dire. Mais, au contraire : rien n'est jamais fini."
Elle eut ce mouvement qui devenait comme un tic, pour redresser ses épaules maigres, et quitta son fauteuil pour aller soulever le coin du store, attirée vers la fenêtre par un bruit lointain de sabots.
Rodolphe, Amélia, Henri.... Chaque allée de Mogador était peuplée pour l'éternité de leurs voix, de leurs rires, de leurs chevauchées que nul vivant n'entendrait jamais plus; et ces cris de joie d'un petit enfant dont , seules, à présent, la vieille Julia Vernet et sa servante conservaient encore la mémoire.
Un cavalier déboucha d'entre les massifs. De haute taille, bien découplé. Une assiette irréprochable. Cette même silhouette des Vernet.
En bas Frédéric se retourna pour répond
re à quelqu'un.
Sous les yeux de sa mère, son image devenait de plus en plus floue. Julia attendit un instant, puis, effaçant de la main la buée qui s'était épaissie, elle frappa au carreau pour lui faire signe.

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Ainsi s'achève l'histoire de Julia Vernet de Mogador, nous la retrouverons dans le second tome où l'héroïne s'appelle Ludivine.....

Publié dans Julia

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